Certes moins machiavélique mais tout aussi mystérieux que celui que Gaston Leroux imagina errant dans le dédale des profondeurs souterraines du Palais Garnier, il semble qu’un fantôme hante aujourd’hui les couloirs de la médiathèque.
La mésaventure que connut tantôt et que nous rapporta l’un de nos assidus lecteurs ne manque pas en effet de nous laisser perplexes : Alors qu’il n’avait plus fréquenté la médiathèque depuis 2008, notre ami se vit réclamer le 16 janvier dernier par un courrier non signé du vénérable établissement municipal la restitution de deux ouvrages que sa petite fille aurait empruntés en décembre de l’an dernier, et ce sous la menace d’une amende forfaitaire.
Fort mari et humilié de se voir ainsi cloué au pilori et mis en examen pour détournement de bien public, notre honnête concitoyen prit immédiatement l’attache de la directrice pour plaider sa cause, présenter sa défense et se voir blanchi de l’infamant chef d’inculpation. Il apprit à cette occasion que lesdits ouvrages avaient, comme par enchantement, été restitués le 17 janvier, jour même de l’entrevue, alors que sa petite fille pouvait exciper d'un emploi du temps lui procurant un alibi irréfutable. Il confirma immédiatement ses dires par un courrier circonstancié demeuré sans réponse à ce jour.
L’idée saugrenue vint alors à notre infortuné lecteur, devenu fort suspicieux par la force des choses, d’une vile et basse manœuvre destinée à gonfler artificiellement le nombre de prêts octroyés par la médiathèque alors même que le nombre de visiteurs s'inscrit en très sensible régression, infirmant ainsi l’ardente nécessité soutenue par nos élus d’en bâtir une nouvelle.
Nous attribuerons ce manifeste dérapage intellectuel au traumatisme de l’inculpation d’un innocent et au stress qui s’en est suivi pour le mis en cause. Qui pourrait imaginer en effet que nos ministres intègres se livrent à pareille manipulation alors que Chantal Guyot, lors du dernier conseil municipal s’escrima à démontrer que, si les chiffres n’étaient pas particulièrement brillants, et ce n'est que litote, ils étaient moins désastreux que ceux des médiathèques alentour ?
L’idée ne nous aurait même pas effleurés !