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30 juin 2020 2 30 /06 /juin /2020 16:22

 

 

 

Mon cher ami,

 

Voilà bien longtemps, mon cousin, qu’ont cessé nos échanges de correspondances, préoccupés que nous étions, vous et moi comme tous nos concitoyens, des ravages que causa et cause encore dans notre pays la pneumonie chinoise et qui poussèrent, il y a maintenant plus de trois mois, nos gouvernants à décréter l’érection volontaire de nos demeures en prisons sans geôlier. L’épidémie semble se déliter mais nous n’avons pas encore pris la réelle mesure des contrecoups probables des dispositions imposées par le palais. L’arrêt autoritaire des activités de nos manufactures et maisons de commerce pourrait en effet engendrer une dévastation dramatique du monde des affaires à un point que nous n’imaginons pas. Les tragédies déjà vécues par bon nombre d’aubergistes et de taverniers n’en constituent assurément que les prémices.

 

Je sais que notre bourgmestre, une nouvelle fois consacré au début du Printemps, a enfin pu reprendre officiellement les fonctions qu’il occupe depuis plus de six années et qu’il s’est conduit de façon exemplaire pendant la quarantaine imposée par la propagation du germe venu d’Extrême-Orient. Il a par exemple vaillamment défendu les intérêts de nos concitoyens en guerroyant victorieusement contre les stupides dispositions souhaitées par le Sénéchal du Département quant au marché dominical de notre place centrale. Quelle belle illustration de la sagesse exprimée dans les urnes !

 

Une vive inquiétude me taraude néanmoins depuis hier soir. Les résultats des élections aux hôtels de ville ont retenti comme un coup de tonnerre. Les candidats des petits oiseaux, associés comme à l’accoutumé aux vieux caciques du colonel Fabien et aux révolutionnaires agités qui revendiquent haut et fort leur insoumission, se sont imposés à la tête de plusieurs grandes cités, dont celle que tangente notre village. On notera au demeurant que le suffrage vert s’impose paradoxalement dans les grandes villes où milite l’élite fantaisiste que vous nommez « bobo » plus que dans les campagnes soignées par nos vrais paysans. Les habitants de la capitale voisine devront sans doute honorer de leurs espèces sonnantes et trébuchantes les rançons de leur choix sous forme de dîmes, tailles et gabelles que ne manqueront pas de lever les nouveaux maîtres des Terreaux. Nous-mêmes serons peut-être amenés à devoir verser un octroi pour accéder à la cité et y limiter la vitesse de nos déplacements à celle d’un âne au trot tout en respectant le privilège accordé par la doxa en vogue aux utilisateurs de vélocipèdes et autres véhicules à énergie humaine. Peut-être même y serons-nous interdits de séjour si nos berlines fonctionnent encore à l’huile lourde de pétrole qui fut tantôt pourtant si encouragée par les surintendants des finances qui se sont succédé à l’hôtel de Bercy.

 

Et Encore ne s’agirait-il là que de plaie d’argent dont il est de notoriété publique qu’elle n’est pas mortelle ? Nous nous en remettrons donc.  Il se pourrait toutefois, selon quelques sombres augures, que les répercussions de la prise de pouvoir par les tenants du retour à l’autarcie des circuits courts, à l’usage des voitures à cheval et du télégraphe Chappe se révèlent encore plus catastrophiques qu’on ne l’imagine. La couleur verte déployée comme étendard de ces nouveaux ayatollahs, soulignent-ils, est la même que celle du Coran. Or on connaît la foi de ces doctrinaires en faveur du multiculturalisme, de l’accueil inconditionnel des migrants et de l’abolition des frontières nationales. Au totalitarisme vert des adeptes du retour à l’état de nature pourrait par conséquent succéder à plus ou moins long terme la dictature encore plus violente d’autres ayatollahs, mahométans ceux-là, guidés par le nouveau Sultan de la sublime porte qui rêve de reconquérir l’empire de Saladin et de convertir l’Europe mécréante par la force de la démographie alliée à celle du cimeterre autour de la Méditerranée.

 

D’ici là, nos nouveaux édiles auront sapé les fondements de notre civilisation judéo-chrétienne et préparé le terrain en engageant le retour aux techniques de troc et de production moyenâgeuses, en encourageant la paresse et en affirmant la prééminence de l’oisiveté sur le labeur.

 

Vous devez me trouver bien pessimiste, mon cousin, sans doute cela est-il dû à l’avancée de mon âge, mais ne dit-on pas que l’âge engendre l’expérience et l’expérience la sagesse ? Je serais bien aise en vérité de recevoir de votre jeunesse quelques arguments pour me contredire.

 

Dans cette attente, mon cher ami,

 

Je vous embrasse et demeure votre

 

François Marie

 

 

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23 mars 2020 1 23 /03 /mars /2020 17:18

 

Mon cher ami,

 

J’apprends ce jour à mon grand étonnement que vous n’étiez pas présent dans notre village lors de la première partie de la consultation populaire en vue de l’élection des échevins. Je veux croire que vous aviez pris soin de mandater un vôtre ami aux fins de faire entendre votre voix. On me dit aussi que vous avez traversé l’océan Atlantique à bord d’une de ces machines volantes pour vous rendre dans l’île caraïbe qui vivote peu ou prou sous le joug de révolutionnaires barbus qui asservissent sans pitié leur peuple au nom des doctrines totalitaires chères à l’adversaire déclaré de votre candidat à l’hôtel de ville. Il est vrai que ceux-là et celui-ci sont de même génération.

 

Ainsi, notre premier magistrat a de nouveau triomphé, améliorant de plus de deux points le score déjà impressionnant qu’il avait réalisé il y a six années et manquant de peu de réunir sur son nom les sept dixièmes des électeurs ; et ce malgré une mobilisation citoyenne quelque peu émoussée par la crainte de l’arrivée de la nouvelle peste que les vents d’Est nous apportent d’Asie. Gageons que les tenants de l’égalitarisme doctrinaire et du collectivisme dictatorial qui s’étaient cette année dissimulés sous les oripeaux d’une passion surjouée pour la verdure, les moulins à vent et les vélocipèdes auront compris qu’ils n’ont pas leur place à la tête de notre diète locale. Les élus de tous bords ont désormais bien en tête la préoccupation majeure que doit être la protection de la nature et personne n’est plus fondé à en revendiquer, et encore moins à en détenir le monopole.

 

Je vous imagine bien seul dans le confinement que nous imposent nos gouvernants pour parer aux ravages que pourrait causer la pneumonie chinoise, mais néanmoins tout à la joie de célébrer la victoire de votre poulain. Dès qu’elle pourra se réunir, et je souhaite que vous m'en teniez informé, la nouvelle diète reconduira votre champion à sa présidence pour un nouveau mandat de six années. L’ironie de la circonstance voudra que ce soit son adversaire direct, es-qualité de doyen – ô combien – de l’assemblée, qui présidera à son installation. L’histoire a parfois de ces goguenardises…

 

Dans cette attente, mon cher ami,

 

Je vous embrasse et demeure votre

 

François Marie.

 

 

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21 mars 2019 4 21 /03 /mars /2019 09:30

 

 

Mon cher ami,

 

Je ne sais, mon cousin, lequel de mes sentiments doit primer quant à mon humeur de ce jour. Est-ce le bonheur de lire, dans la missive que me déposa tantôt le cocher de la malle-poste, que vous êtes désormais résolu à reprendre une édition plus régulière des délicieuses contributions que vous aviez jadis l’habitude de publier dans votre gazette, ou bien n’est-ce pas plutôt le désappointement d’y apprendre l’inquiétante nouvelle de la défection du jeune guide que nos concitoyens s’étaient choisi il y a cinq ans pour conduire les destinées de notre village ?

 

Ainsi, notre Maire a pris la décision de ne pas solliciter à nouveau nos suffrages pour accomplir un second mandat à la tête de la municipalité. Cette information ne laisse pas de me surprendre tant il semblait que ce jeune homme montrait toutes les qualités requises pour l’exercice de ses fonctions et tant il semblait aussi que la plus grande partie de ses administrés regardaient son action avec satisfaction. Tout bien pesé, sa réélection dans une année paraissait assurée pour le bien de tous.

 

Vous me dites qu’il se serait senti insuffisamment habile, voire machiavélique, pour accomplir avec succès certaines tâches de sa fonction, notamment la quête incessante de subsides sonnantes et trébuchantes auprès des puissants trésoriers qui détiennent les cordons de certaines bourses. Vous ajoutez également que son caractère entier et opiniâtre l’aurait parfois conduit à se heurter avec tel ou tel baron qui, pour être en principe son allié, ne s’en serait pas moins révélé plus retors et calculateur que lui. Ne serait-ce pas à dire à la parfin qu’il n’était pas fait pour le métier de la politique ? Je n'ose le croire.

 

On peut comprendre qu’un homme intègre, auparavant habitué au monde des affaires commerciales, peine à se couler dans celui des affaires publiques, peuplé de professionnels de l’influence et pavé de chausse-trappes, de cabales et parfois de trahisons. Peut-être en a-t-il fait le tour et l’amère expérience et en a-t-il été rebuté ?

 

Vous le connaissez bien, mon cousin. Il vous appartient par conséquent de lui parler sans ambages et d’attirer son attention sur la grande inquiétude que crée sa décision chez nos concitoyens. Faute pour lui de préparer sa succession, voire de présenter et former un dauphin charismatique et compétent au cours de l’année qui vient, son abandon pourrait ouvrir une voie triomphale à un retour des tenants de l’égalitarisme dogmatique qui ont jadis défiguré notre village, le cas échéant sournoisement dissimulés sous le masque du mouvement créé par le chef de l’Etat. Il porterait alors personnellement l’entière et grave responsabilité de cette aventure.

 

S’il n’y parvenait pas, je compte sur votre entregent et sur celui de vos amis pour le convaincre de revenir sur sa décision. Vous disposez d’un délai de douze mois pour ce faire ; cela paraît suffisant mais il convient désormais de ne point vous attarder.

 

Dans l’attente de vous lire à nouveau, mon cher ami, je vous embrasse et demeure

 

Votre

 

François Marie

 

 

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7 janvier 2017 6 07 /01 /janvier /2017 18:01

 

 

Mon cher ami,

 

Les temps changent, mon cousin, et pour la première fois de mémoire de villageois, nous dûmes hier franchir un poste de guet confié à la garde des sergents de ville avant d’accéder à la grande galerie des fêtes où notre bourgmestre nous avait conviés pour ses traditionnels vœux de nouvel an.

 

La barbarie que répandent les sicaires du prophète depuis plus de deux ans sur notre continent et plus précisément sur nos terres nationales en raison évidente de nos racines chrétiennes solides et anciennes de plus de quinze siècles était la cause d’une telle précaution sécuritaire à l’égard de nos concitoyens. Notre premier édile entama d’ailleurs sa harangue en rappelant l’état de belligérance dans lequel nous devons vivre, sous la menace permanente des Sarazins disciples du troisième Calife, et ce jusqu’à leur totale éradication. Il présenta aussi en notre nom un hommage collectif aux victimes des violences aveugles de ces égorgeurs, mercenaires de la Charia universelle.

 

Après une émouvante minute de silence en leur honneur, l’assemblée entonna d’une seule voix puis applaudit à tout rompre le chant de guerre de l’armée du Rhin si cher à nos consciences.

 

L’année qui vient sera, nous a-t-il été dit, placée sous le signe des progrès de la science dite de l’information et de la communication. Tout un chacun dans le village pourra désormais utiliser ces étranges appareils munis d’un panneau lumineux et d’un pupitre, parfois irréel, qui autorisent où que l’on se trouve et instantanément la consultation d’une multitude de données et l’accès à des applications en tous genres et domaines. Nous voici donc désormais plongés dans le bouleversement digital qui dominera ce siècle et permettra, souhaitons-le, de bâtir une société de la connaissance ! Quelle initiative intelligente de la part de nos élus !

 

Nous apprîmes également hier par notre premier magistrat qu’un certain nombre des projets qui lui valurent son élection triomphale il y a trois ans sont enfin mûrs pour entrer en phase de réalisation. Il en est ainsi :

  • - D’une attention particulière apportée aux jeunes de notre village par le transfert de l’espace-jeunes de la MJC au centre du village dans les locaux de l’ancienne médiathèque et par l’implantation d’une nouvelle MJC en un édifice et un lieu plus appropriés.
  • - De l'aménagement de logements sociaux "municipaux " dans les étages supérieurs du même bâtiment, ceux-ci s’ajoutant à quelques autres programmes mixtes autorisés, comme promis, à un rythme mesuré et maitrisé.
  • - De l’ouverture d’une mini-crèche dans un des locaux de la rue Chappard que l’ancienne municipalité destinait au commerce local sans voir qu’elle les avait conçus totalement inadaptés à cet usage.
  • - De l’implantation dans la zone de la gare de la Bibliothèque Départementale, d’une Maison du Rhône et du siège d’un important groupe d’entreprises, générant ainsi cent cinquante emplois nouveaux sur le site.
  • - De la poursuite du programme d’implantations d’appareils de surveillance visuelle des espaces publics destinés à lutter contre les effractions domiciliaires dont notre département est hélas un recordman, comme diraient nos cousins d’outre-manche. Nous avons bien besoin d’une sécurité améliorée si l’on en juge par le nombre de larcins de ce type enregistrés récemment.

 

Une ombre au tableau toutefois : Il semble qu’à mots à peine couverts on nous ait annoncé l’abandon du projet de contournement routier de notre village qui nous était annoncé depuis plus de trente années. Cette reculade est fort regrettable, d’autant que le discours évoquant la recherche de solutions alternatives permettant de dévier du centre bourg la circulation des véhicules automobiles est demeuré empreint d’une gène évidente et de la plus opaque nébulosité. L’abandon de cet espoir pourrait faire durablement tache dans le mandat de notre bourgmestre.

 

Que ce dernier regret, mon cousin, n’entame pas le soutien que vous apportez régulièrement à la nouvelle gouvernance de notre village. Le bilan à mi-mandat apparaît largement favorable à nos élus et l’on ne connaît pas, comme cela fut le cas dans un passé récent, de grogne et de mouvements de foule hostiles au maître de l’hôtel de ville et à ses conseillers tout dévoués au service de nos concitoyens.

 

Dans l’attente de vous lire à nouveau, je vous embrasse et demeure

 

Votre

 

François Marie

 

 

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11 janvier 2016 1 11 /01 /janvier /2016 17:49

 

Mon cher ami,

 

Pour la seconde fois depuis son accession à l’hôtel de ville, notre premier magistrat priait il y a quelques jours nos concitoyens en la grande galerie des fêtes aux fins de leur présenter, suivant en cela une ancestrale tradition, ses vœux de nouvel an. La douceur inhabituelle de cet hiver quasi-printanier me permit grâce à Dieu de répondre favorablement à cette invitation.

 

Ce changement de millésime apparaît bienvenu car nous savons bien que l’année qui vient de s’achever ne demeurera pas dans les mémoires comme l’une des plus fastes qu’ait connu notre cher et vieux pays. Les exactions meurtrières des sicaires de Saladin jusque sur notre sanctuaire national s’inscrivent en effet comme les prémices d’un grand et satanique dessein visant à éradiquer de notre continent ses traditions, sa culture et ses racines chrétiennes. Il faudra bien qu’un jour nous nous révoltions contre ce plan machiavélique, au risque sinon de disparaître, comme les amérindiens chassés et anéantis du nouveau monde par les immigrants du May-Flower. Lorsque nos dirigeants, d’un bord comme de l’autre, auront enfin compris que le danger vient non pas tant de la progression de telles ou telles idées ou de tel ou tel parti, fussent-ils critiquables au strict plan de la démocratie, mais bien de l’expansionnisme  mondial forcené  des mahométans fondamentalistes qui utilisent la misère des migrants comme cheval de Troie, peut être songeront-ils alors à combattre l’ennemi autrement que par des harangues et gesticulations publiques destinées à leurrer le bon peuple mais dépourvues de suites dans leurs actes.

 

Devant une assistance encore plus nombreuse qu’il y a un an, notre édile entama son discours par une introduction fort louable consacrée à l’éloge de la jeunesse ; non pas la jeunesse oisive et délinquante prompte à renier son appartenance à la nation pour embrasser la cause des mameluks fanatiques, mais bien celle qui étudie, celle qui travaille avec le goût de l’effort, celle qui s’engage sous quelque forme que ce soit au service du bien public et qui porte hautes et fières les trois couleurs de France. C’est au demeurant avec une ferveur particulière que la salle comble entonna puis applaudit à tout rompre le chant de guerre de l’armée du Rhin que les volontaires marseillais ont consacré au rang d’hymne national en 1792. Nous étions loin du silence lourd de mépris des joueurs de balle au pied de notre équipe nationale, quand ce n’est pas de leurs crachats.

 

Le jeune Damien nous tint ensuite informés du travail accompli depuis un an et demi par lui même et ses collaborateurs ainsi que des projets en cours de réalisation. Tout était concret et pragmatique, loin des élucubrations angéliques et doctrinaires développées jadis par son prédécesseur. Point de projets africains ou autres, mais des réalisations locales dans l’intérêt des villageois ; point de monument pharaonique auto-glorifiant mais des réalisations concrètes et utiles pour le confort et la sécurité des Chaponois, sans accroître la pression fiscale  déjà considérablement alourdie par le poids du passé. 

 

L’équipe municipale, élus comme agents, fit preuve d’un réel talent de communication, mêlant reportages d’images animées, interventions oratoires, brève remise de médaille et discussions techniques avec un esprit de synthèse et de concision de bon aloi, rompant ainsi avec les interminables cérémonies dignes des dictatures sud-américaines auxquelles nous avaient habitués les deux prédécesseurs.

 

On notera également que Monsieur le Maire associa dans ses remerciements en les désignant nommément, fait nouveau et bien mérité, les différents artisans de notre village qui ont participé à la confection des abondantes victuailles garnissant les buffets consacrés aux agapes offertes à l’assemblée par l’hôtel de ville.

 

Voilà me semble-t-il, mon cher ami, qui confirme la justesse du choix que nous avons opéré dans les urnes il y a près de deux ans.

 

Dans l’attente de vos prochaines publications, je vous serre dans mes bras et demeure

 

Votre

 

François Marie

 

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23 juin 2015 2 23 /06 /juin /2015 12:32

 

 

Mon cher ami,

 

Vous me voyez fort mari de ne point avoir reçu depuis longtemps de nouvelle édition de votre gazette qui me ravit le cœur en même temps qu'elle m'instruit sur les événements qui jalonnent l'actualité de notre cher village. Je sais bien que depuis l'accession de votre champion à l'hôtel de ville il vous est plus délicat d'exercer l'art du commentaire acide dans lequel vous excellez tant.

 

Il me semble néanmoins que certains sujets traités dans les hauts ministères et qui auront à n'en pas douter de sérieuses conséquences sur le sort de la jeunesse de nos cités et donc de notre village mériteraient que l'on s'y arrêtât. Il en va ainsi, me semble-t-il, des modifications fondamentales apportées par les tenants de la rose et du poing aux structures comme aux contenus de l'apprentissage de la vie que nous tentons depuis si longtemps d'inculquer à notre postérité.

 

Non contente d'avoir chaussé les basques de son prédécesseur qui avait déjà fomenté une contestable révolution sur la durée et les horaires de classe pratiqués dans les écoles, à charge de surcroît pour les édiles locaux d'en financer les lourdes conséquences sans l'aide du moindre subside en provenance du trésor central de l'hôtel de Bercy, j'apprends que la nouvelle ministre de l'instruction publique se prépare à amplifier le séisme par un nouveau projet de réforme. 

 

Il ne s'agit point là d'une réforme de nature religieuse comme celle prônée en son temps par monsieur Martin Luther et ses disciples genevois ... Encore que ... Non, il s'agit cette fois de figer à son point le plus bas le niveau d'instruction des élèves des lycées et sans doute bientôt des étudiants de nos universités et de combattre ainsi la culture de l'élite qui a mené jadis le royaume aux places les plus brillantes du concert des nations. Derrière son perpétuel sourire et son joli minois, notre Schéhérazade chérifienne dissimule une absolue et ferme volonté de saper les fondements et détruire jusqu'aux derniers vestiges des structures traditionnelles des enseignements du monde occidental. 

 

Dussent Platon, Aristote, Homère ou Xenophon, et plus prés de nous Sénèque, Tacite, Caton, Ovide, Pline l'ancien comme le jeune, Horace ou Ciceron se retourner dans leurs tombes, l'enseignement des lettres anciennes, qu'elles soient grecques ou latines, sera désormais proscrit. Ainsi ne pourrons-nous plus faire usage des termes désormais prohibés d'hellénistes ou de latinistes "distingués", locutions s'il en étaient  qui ne pouvaient qu'heurter le naturel angélisme des égalitaristes de l'hôtel de Solférino en ce qu'elles consacraient une insupportable et fort condamnable discrimination au détriment des cancres incultes et que l'on se devait par conséquent et par principe d'éradiquer.

 

On supprimera ensuite l'apprentissage chronologique de l'histoire du royaume, jetant au passage dans les oubliettes de la saine et unique pensée certains épisodes par trop contradictoires avec l'idéologie de rigueur, en particulier avec le sacro-saint  principe de laïcité. Bien au rebours, on amplifiera l'enseignement de la religion du prophète ; il n'est  en effet aucune raison de ne pas mettre celle-ci sur un pied d'égalité avec la séculaire foi catholique et romaine qui a sacré nos rois, bâti sur notre sol depuis plus de dix siècles nombre de cathédrales et fait de la France la fille aînée de l'Eglise. D'autres vils opposants pourraient même oser évoquer, au risque de se voir vilipendés comme d'odieux réactionnaires, les racines chrétiennes du pays.

 

Que nous réserve-t-on encore dans le cadre de cette œuvre destructrice ? Serions-nous surpris par exemple si les origines mauresques de notre ministre la poussaient à rendre obligatoire l'apprentissage de la langue des sarrazins au prétexte que celle-ci serait de nos jours plus utile en périphérie de nos cités que le latin ou le grec ancien ? 

 

Il est toutefois une incidence de sa conduite que l'étoile montante du cabinet ne semble pas avoir entrevu  : il est fort possible, voire probable, que ses projets précipitent les enfants, du moins ceux dont les parents n'ont pas encore été ruinés par la taille et la gabelle si lourdement prélevées dans leurs cassettes par les intendants des finances, vers les coûteuses écoles privées ou les collèges confessionnels dirigés par les disciples d'Ignace de Loyola, les minimes et autres frères des écoles qui de tous temps ont consacré avec le succès que l'on sait leur mission à l'éclosion et à l'épanouissement des élites intellectuelles. Cela ne risque-t-il pas d'amplifier encore les inégalités si ardemment combattues par les utopistes et de produire le résultat inverse de l'effet recherché ?

 

Vous connaissant bien et depuis si longtemps, je ne doute pas que vous partagerez mon opinion sur le sujet.

 

Je n'en demeure que plus fidèlement

 

Votre

 

François Marie

 

 

 

 

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3 avril 2014 4 03 /04 /avril /2014 16:25

 

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Mon cher ami,

 

Imaginerez-vous en quel état de liesse me laisse la nouvelle que me délivra ce matin le cocher de la malle-poste de Lyon ?

 

Jamais gazette ne justifia son titre avec autant d’opportunité !

 

Ainsi vous avez triomphé ! Vous et vos amis avez réussi à entraîner dans votre sillage une importante majorité de villageois et à les convaincre de déposer dans l'urne un bulletin manifestant si fort et si clairement le rejet que suscitait depuis plusieurs années la conduite des affaires de la cité par le représentant de l'idéologie égalitariste prônée par les partisans de la rose et du poing ! Deux citoyens sur trois ! Alors même que la proportion de ceux qui, en âge d'exprimer l'opinion du peuple, boudèrent les isoloirs se montra exemplaire au regard de ce qui fut constaté dans le reste du royaume !   Quelle apothéose pour les opposants que réussit à fédérer contre vents et marées votre champion autour de sa candidature à la présidence des échevins !

 

Vous me dites que le malheureux perdant ne se montra pas des plus honnête et conciliant dans les discours qu'il tint autant le soir de la proclamation des résultats de la votation, ce qui, en soi, aurait pu aisément se comprendre tant l'émotion provoquée par la révélation d'une défaite qu'il n'attendait pas pouvait le conduire, sous l'empire de la déception, à des excès de langage, qu'aussi bien le lendemain dans un billet électronique qu’il posta, puis encore quelques jours plus tard, alors que le traumatisme aurait dû être retombé, lors de la transmission des pouvoirs à son vainqueur. Là, sa conduite fut dès lors beaucoup plus blâmable pour un individu qui se prétend, à tout le moins lorsque cela sert ses desseins, respectueux du verdict du peuple.

 

Je ne suis pas surpris d'une telle attitude. Rappelez-vous avec quel dédain il traita ses concitoyens qui eurent l'outrecuidance de manifester une opinion divergente de la sienne, y compris par des moyens exceptionnels si inhabituels dans nos contrées, comme les missives collectives qui rassemblèrent à deux reprises de très nombreux signataires ou bien le défilé de protestation qui réunit dans la rue plus d'un villageois sur dix il y a à peine plus d'un an. Un tel mépris de l'opinion populaire ne pouvait que le conduire à une attitude de déni vis à vis d'un résultat qui consacre son désaveu de façon aussi éclatante.

 

L'ancien prévost, me dites-vous, feignit avec aigreur de s'étonner que vous lui tendîtes la main alors que vous l'aviez tantôt qualifié de despote ? Si je puis me permettre, rappelez- lui à l'occasion qu'il exista au siècle des lumières une forme de despotisme, dit éclairé, exercé par des monarques de droit divin dont les décisions étaient guidées par la raison, cela ne me semble pas être son cas si j'en juge par son obstination à réaliser envers et contre tout une œuvre presqu’unanimement rejetée.

 

Son grand argentier vous fit également grief, me confiez-vous aussi, de par trop pousser au delà des limites communément admises votre style pamphlétaire teinté de dérision et votre esprit railleur confinant au sarcasme ? Laissez-le ressasser par-devers lui l'amertume de la défaite, les centaines de lecteurs assidus de vos billets sont là en tant que de besoin pour infirmer sa réprobation.

 

Me conterez-vous par le menu dans les prochaines éditions de votre gazette les premiers pas du nouveau prévost des marchands qui, pour avoir certes accompli l'exploit de bouter les égalitaristes hors l'hôtel de ville, n'en paraît pas moins novice et ingénu dans l'exercice de ses nouvelles fonctions ?

 

Je compte sur vous et, dans cette attente,

 je vous serre contre mon cœur

 et demeure votre

 

François Marie

 

 

 

 

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12 janvier 2014 7 12 /01 /janvier /2014 19:00

 

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Mon cher ami,

 

On me rapporte que mon cher pays de Gex, si proche de l'helvétie voisine, fut à l'honneur hier soir en préambule aux agapes qu'offrit comme chaque année à pareille époque notre premier magistrat au bon peuple de notre village pour la présentation de ses vœux de nouvel-an.

  

Ainsi, monsieur Menard aurait-il entretenu dans la cité de Calvin un cousinage proche dont l'un des membres lui eût tantôt fait tenir une missive qui relatait un récent déplacement dans l'ouest lyonnais  et dont il fut donné lecture à l'assistance nombreuse réunie dans la grande galerie des festivités de l'hôtel de ville ? L'auteur y aurait amèrement regretté, a-t-il été dit, de n'avoir pu visiter son cher parent qui, à la tête d'une délégation largement garnie de nos concitoyens, sans doute mise au moins pour partie à la charge des subsides provenant de la taille et de la gabelle puisées dans nos hauts-de-chausse, s'en était allé explorer de lointaines contrées de l'Afrique équatoriale où vivent des indigènes dont le sort quotidien importe à notre édile beaucoup plus que celui de la population des contreforts des monts du Lyonnais. Au demeurant, cette passion personnelle pour les terres de mission historiques des pères blancs des Cartières ne date pas d'hier et l'on nous en rebat les yeux et les oreilles depuis bientôt six années à grands renforts de marchés exotiques et autres vents du monde fort consommateurs de subventions publiques.

 

Las ! L'orateur reconnut lui même que l’épître était apocryphe et qu'il s'était autorisé, citant votre exemple, votre nom et votre sobriquet, à vous emprunter, à vous son plus fieffé contradicteur, un procédé littéraire satirique que vous manipulez depuis fort longtemps avec art, subtilité et finesse. Le discours n'était donc qu'un subterfuge permettant au tribun d'assurer un temps de parole décent tout en ne disant rien mais en laissant entendre qu'il aurait pu dire beaucoup si le règlement contraignant de la prochaine consultation électorale n'exigeait des candidats sortants qu'ils s'abstiennent de par trop fanfaronner dans ce type de circonstance sur leur bilan ou leur programme.

 

N'eut été cet aveu qui, sage précaution, dédouane son auteur d'une infamante accusation délictueuse de plagiat, nous aurions presque pu  croire à l'existence de ce cousin genevois tant nous sommes habitués à découvrir les liens que nouent fréquemment outre Léman ses amis partisans de la rose et du poing, et non des moindres, avec nos voisins helvétes surtout lorsque ceux-ci sont chargés d’abriter discrètement dans les coffres secrets de leurs établissements de change le contenu souvent inavouable de bagues emplies de liasses d'assignats qu'ils souhaitent soustraire à la vigilante attention des intendants des finances du royaume. Au retour de leurs suspectes équipées  ils protestent le cas échéant effrontément, "les yeux dans les yeux", de ce qu'ils sont blancs comme les neiges du Saint Gothard et se drapent dans les oripeaux de l’innocence outragée dès lors que l’on jette le moindre discrédit sur la véracité de leurs affirmations.

 

Nous retiendrons donc, si vous le voulez bien, que pour les derniers vœux qu’il aura adressés à la population, notre magistrat ne dévoila rien qui justifiât qu'on le transmît à la postérité, si ce n'est qu'il salua votre talent à sa juste mesure en délivrant ce qui ne fut toutefois, aux dires de nombre de participants, qu'une pâle imitation de vos fourbes publications.

 

À l'heure de conclure ce billet, Il me vient une pensée aussi invraisemblable que terrifiante ; S'il advenait par malheur dans deux mois et demi que les urnes, ce qu'à Dieu ne plaise, reconduisent le candidat sortant pour un second mandat, il se pourrait fort bien, tant celui-ci semble vous apprécier au point de vous singer, même maladroitement, et tant il vous fit honneur et compliments devant la foule rassemblée, que vous soyez l'an prochain le récipiendaire tout désigné de la médaille de la ville qui, pour la première fois, serait attribuée à un lauréat qui ne serait pas estampillé au sceau de la gauche orthodoxe si chère à notre premier édile.

 

Je me languis déjà des nouvelles que vous ne manquerez pas de m’apporter prochainement par le truchement de votre gazette sur les développements du duel à fleurets à peine mouchetés qui oppose un élu qui fait désormais figure de « a été », comme disent si bien nos voisins d’outre Manche à ce jeune prétendant surgi d’on ne sait où mais qui entreprit avec courage et succès de fédérer les nombreuses opinions contraires aux actions de son adversaire qui, sans sa force de conviction et sa ferme volonté de rassemblement, auraient pu partir au combat dans un ordre dispersé voué à une inéluctable défaite.

 

D’ici là, mon cher Scapin, je vous serre dans mes bras et demeure sincèrement

 

Votre

 

François Marie

 


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14 décembre 2013 6 14 /12 /décembre /2013 17:56

 

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Mon cher ami,

 

Six ans ! Voilà déjà six longues années que vous égayez mes vieux jours de la lecture de votre gazette qui m’apporte régulièrement des nouvelles de notre cher village en Lyonnais.

 

Pouvons-nous d’ailleurs encore nommer village une agglomération qui se hérisse chaque jour un peu plus de machines de levage et de manutention affectées à la construction de nouveaux hôtels collectifs ? Qui ne progresse pas régresse, me direz-vous ? Certes, mais il semble bien que le prévôt de la cité et ses conseillers aient été pris d’une folie de bâtisseurs démesurée tant par rapport aux réels besoins des villageois que par rapport aux objectifs à long terme des plans de développement établis par le baillage et la sénéchaussée. Cette folie fut d’ailleurs sanctionnée tantôt par un défilé de protestation, jamais vu de mémoire dans ces contrées, d’un millier de citoyens criant leur ire et leur réprobation d’une braderie incohérente des autorisations de construction, et en particulier de l’édification sur la place centrale d’un temple de la culture dont l’utilité à cet endroit apparaît pour le moins douteuse, en tous cas largement contestée.

 

Je mesure avec intérêt que je ne suis pas le seul, beaucoup s’en faut, à consulter avec assiduité vos publications puisque, au cours de ces six années, près de soixante mille personnes m’ont accompagné au jour le jour dans la lecture de votre gazette, goûtant, ou non, plus de cent soixante mille fois la teneur de vos billets dont vous assumez ouvertement la fréquente fourberie.

 

Alors que la prochaine élection des échevins approche à grands pas, j’imagine  aisément que vous vous apprêtez comme vous le fîtes il y a six ans à pimenter de vos piques et sournoises interventions le débat qui s’annonce entre les candidats. A ce propos, vous ne m’entretenez pas des qualités ou défauts que présente à vos yeux ce jeune prétendant dont on me parle et qui ambitionne de succéder dans les fonctions municipales à l’occupant actuel de l’hôtel de ville qui, lui même, sollicite à nouveau les suffrages de nos concitoyens pour un nouveau mandat. Prendrez-vous parti dans cette campagne, vous qui combattez les élus actuels avec une énergie sans faille et sans cesse revigorée ?

 

On me rapporte que Monsieur Menard, quelque peu gêné par la mauvaise image que véhiculent aujourd’hui ses camarades tenants de l’égalitarisme doctrinaire et du nivellement par le bas dont il arborait jadis fièrement l’étendard, réfute désormais ses origines partisanes tout en revendiquant leur soutien associé à celui des crapauds du marais et des illuminés réfractaires à tout progrès, protecteurs obsédés de la faune et de la flore sauvages. Une telle duplicité, digne d’Ignace de Loyola et des plus brillants de ses disciples de la compagnie de Jesus, est une insulte à l’intelligence des électeurs qui ne sauraient se laisser berner par de telles manœuvres.

 

La traditionnelle trêve des confiseurs qui domine chaque année les fêtes de la nativité devrait marquer une dernière pause avant que ne soit lancée la véritable compétition qui verra dans trois mois désigné celui qui guidera pour les six prochaines années les orientations de notre cité. Je compte sur vous pour me narrer les probables péripéties que connaîtra cette période souvent féconde en anecdotes savoureuses.

 

Dans cette attente,

Je vous embrasse et demeure,

Votre

 

François Marie.

 

 

 


 

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29 avril 2013 1 29 /04 /avril /2013 15:44

 

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Mon cher ami,

 

Les derniers frimas de ce damné hiver ne cessent de prolonger leurs effets, ankylosent mes vieux os et m’empêchent de fréter un équipage pour vous rendre en votre cher village de l’ouest lyonnais la courtoise visite qu’onques vous me fîtes au temps de Noël. Croyez bien toutefois que mon amitié vous demeure entièrement acquise et que je vous conserve dans mon cœur un emplacement de choix.

 

Vous m’apprenez que le triste sire que nos concitoyens portèrent jadis au gouvernement de la cité a donné le coup d’envoi du grand chantier qui assurera, n’en doutons pas, sa notoriété pour le siècle à venir. Sera-ce en bien, sera-ce en mal ? Nul aujourd’hui ne le peut savoir. Avant que d’entamer l’édification sur la place centrale du monument dédié à sa gloire et qui abritera aux grands frais des habitants, outre des salles communes de lecture, un grand théâtre destiné à l’animation du centre bourg, notre prince, me dites-vous, livra à titre préparatoire aux démolisseurs avec une particulière célérité la charmante maison qui bordait jadis la place, expulsant ainsi une marchande appréciée de tous les villageois et contraignant son apprentie à la recherche d’un nouvel emploi en une période si peu propice à ce type de démarche.

 

Cette précipitation, assurez-vous, était due aux nouvelles manifestations d’une grogne populaire grandissante qui, à l’appel de plusieurs corporations de villageois, conduisit à l’organisation, il y a un peu plus d’un mois, d’un défilé de protestation d’une ampleur sans précédent dans les rues de la cité. Il fallait donc rendre les choses irréversibles avant que les manants ne se déchaînent. Quel événement ! Jamais l’on ne m’avait encore rapporté une telle explosion de désaveu dans une cité aussi calme que la nôtre ! Considérez-donc : plus d’un habitant sur dix clamant une ferme opposition à la gouvernance  en place !

 

Cela fut, paraît-il, l’occasion de voir paraître de nouvelles figures parmi les meneurs de ce mouvement populaire. L’on vit même un personnage jusqu’alors fort discret prendre la parole et la monopoliser à l’issue du défilé, instrumentalisant à son profit et à celui de ses disciples le travail accompli par d’autres et le succès incontesté de ce rassemblement. L’orateur dispose, dit-on, d’une longue expérience de la chose publique acquise, à la sortie de l’école des grands commis de l’Etat, auprès des plus grands  princes de la capitale du royaume  qui lui permirent au demeurant de garnir considérablement un répertoire d’adresses utiles à toute sollicitation d’intervention. Il use et abuse ainsi de l’aura - réelle ou supposée - qu’il se donne, imposant son discours et anesthésiant de son verbe les esprits humbles et peu habitués à côtoyer  les puissants ou supposés tels, et par là même prompts à se laisser séduire et mener vers des voies stériles. Vous devez, mon cher Scapin, prendre garde et attirer l’attention de ceux de votre entourage qui ambitionnent de proposer l’an prochain une alternative au pouvoir du maître de céans. Qu’ils ne tombent pas sous l’influence d’un tel personnage. La conquête de l’hôtel de ville ne se fera pas par de beaux discours dont l’unique objet est, semble-t-il, de bouter hors nos édiles. Elle ne s’opérera que par un travail de fond d’élaboration d’un programme concret et crédible, présenté avec conviction à nos concitoyens par un meneur reconnu et des disciples motivés. Et ce n’est pas l’entregent d’un beau-parleur l’autorisant à appeler le Prévôt, le Bailli ou le Sénéchal qui emportera la conviction des électeurs.

 

Le temps est court qui nous sépare de la fin de l’été où il faudra partir en pré-campagne. Ne vous fourvoyez pas dans des chemins de traverse qui pourraient vous égarer. Poursuivez votre sillon et  dites à vos amis d’en faire autant. Ainsi vous gagnerez.

 

Saurez-vous écouter les conseils d’un vieillard perclus de rhumatismes mais qui dispose d’une certaine expérience de la vie au contact du pouvoir ?

 

Dans cet espoir, mon cher Scapin, je vous serre dans mes bras et demeure

 

votre

 

François Marie

 

 


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